Euro Supply Chain 2024

par Christiane PERRUCHOT – Traces Ecrites Interview de Jean-Marc Rohlmann, président de l’ACUTA (Association des Chargeurs et Utilisateurs de Transport en Alsace)

Pouvez-vous présenter votre structure ? 
Depuis 42 ans, l’ACUTA réunit des chargeurs (industriels, grands commerces) qui font du fret aval – de l’usine au client –, et en amont du processus de production. 70% des membres sont des chargeurs, 30% des prestataires logistiques (logisticiens, associations maritimes, avocats spécialisés etc.) Tous les modes de transports sont concernés : route, fer, maritime, fluvial. Son rôle est de défendre les intérêts de ses membres, au nombre d’une centaine, et de les représenter auprès de instances régionales et nationales. L’ACUTA a une légitimité reconnue en la matière. Elle est membre de l’Observatoire Régional Transports et Logistique (ORT) Grand Est, lieu d’échange avec les administrations de l’État et les collectivités territoriale et membre de la cellule économique du préfet. Notre organisme est aussi le « correspondant » régional de l’AUTF (Association des Utilisateurs de Transport de Fret) dont il est l’un des membres du conseil d’administration. Ainsi il porte à Paris les problèmes spécifiques à la région. En plus de sa fonction représentative, l’ACUTA est aussi un lieu d’information et de réflexion. Des tables rondes mensuelles transformées en ce moment, à cause de la crise sanitaire, en réunions en visio tous les 15 jours, permet aux membres de se nourrir de l’expérience des autres sur des sujets d’actualité et des réflexions à plus long terme concernant l’évolution de leurs métiers. 

Pourquoi soutenez-vous le salon Euro Supply Chain ? 
Il n’existait pas d’événement professionnel du transport et de la logistique en Grand Est. Ce sera une belle vitrine pour nos métiers. Les stands d’exposition des entreprises et des conférences organisées à notre initiative, apporteront aux acteurs régionaux des solutions face à l’évolution de la logistique qui s’est accélérée avec la pandémie. Salon de proximité, il devra être aussi une ouverture vers les problématiques nationales, transfrontalières et internationales. 

Quelles évolutions connait la logistique ? 
Nos métiers évoluent énormément et la pandémie a accéléré le mouvement. Il a fallu s’adapter face à l’explosion des commandes en ligne B to C et aux difficultés d’approvisionnement des matières premières. Rebondir aujourd’hui signifie reverdir nos métiers. La décarbonisation de la logistique est une des préoccupations centrales de l’ACUTA qui accompagne les entreprises dans la réduction de leur impact énergétique à travers deux programmes de l’Ademe, EVE (Engagements Volontaires pour l’Environnement) et Fret 21 qui seront d’ailleurs présentés au salon Euro Supply Chain. La RSE est un défi quotidien des entreprises qui se traduit à travers la politique d’achats, la qualité environnementale des bâtiments, l’organisation de la logistique du dernier kilomètre etc. La chaîne logistique se trouve aussi face à une nécessité de digitalisation de plus en plus performante pour gagner en agilité : réduire les délais de livraison, accroître la satisfaction des clients, optimiser les tournées. Les solutions ? Préparer la robotisation des entrepôts pour par exemple, réduire certaines tâches doublées chez le chargeur et le transporteur, mutualiser les volumes, combiner tous les modes de transports. Pour suivre cette évolution, les entreprises disposent d’aides importantes et elles doivent être conscientes que le retour sur investissement à moyen terme est favorable.

Quelle est votre position sur un sujet local mais stratégique, l’écotaxe poids-lourds ?
Opposés à toute taxe régionale qui défavorise les entrepreneurs alsaciens par rapport à ceux des autres régions de France, nous sommes sur une position de dialogue avec la Collectivité Européenne d’Alsace, sachant que l’écotaxe n’est pas encore applicable même si la loi est votée. On peut aussi se poser la question de l’efficacité à terme de cette taxe, destinée en partie à financer les infrastructures lorsque la conversion des énergies de propulsion aura pris de l’ampleur.